Les discriminations envers les dalits
Les Dalits représentent une communauté de 170 millions d’habitants en Inde, soit 17% de la population. Un Indien sur six est Dalit, et du fait de leur identité, ces derniers subissent régulièrement des discriminations et des violences qui les empêchent de jouir des droits fondamentaux reconnus par les textes nationaux et internationaux et qui les privent de la dignité garantie à tous les citoyens Indiens. L’organisation sociale basée sur le système des castes existe également au Népal, au Pakistan, au Sri Lanka, au Bangladesh ainsi que dans d’autres pays hors de l’Asie du Sud. Ce sont près de 300 millions d’êtres humains dans le monde entier qui souffrent de cet « apartheid caché », de ségrégation, de l’exclusion et de la discrimination.
Qu’est ce que l’ “intouchabilité”?
La Constitution Indienne a aboli l’ “intouchabilité”, ce qui signifie que les castes dominantes ne peuvent plus légalement forcer les Dalits à accomplir toute activité humainement dégradante. Cependant le balayage, le « manual scavenging » et le travail du cuir sont toujours des activités exclusivement pratiquées par les membres des « Scheduled Castes », qui sont contraints d’accomplir ces tâches humiliantes et dégradantes sous peine d’être menacés (voire d’être victimes) d’abus physiques et de boycott social. La migration et l’anonymat en environnement urbain ont dans certains cas servis d’ascenseur social et professionnel pour les Dalits, mais la majorité d’entres eux occupent toujours les mêmes postes. Un manque de formation et d’éducation, ainsi que la discrimination subie lors de recherches pour un nouvel emploi, ont perpétué ces traditions et leur nature héréditaire.
Types de discriminations et de pratiques “intouchables”
Au nom du principe d’ “intouchabilité”, les Dalits subissent près de 140 formes de discriminations basées sur le travail et leur origine de la part des castes dominantes. En voici quelques exemples :
Interdiction de manger avec des membres d’une autre caste
Interdiction de se marier avec des membres d’une autre caste
Verres différents pour les Dalits dans les stands à thé des villages
Disposition des chaises discriminante et couverts différents dans les restaurants
Interdiction d’entrer dans les temples des villages
Interdiction de porter des sandales ou des parasols devant les membres des castes dominantes
Système « Devadasi »- la prostitution « sacrée » des femmes Dalits dans les temples
Interdiction d’entrer dans les maisons des castes dominantes
Interdiction de faire du vélo dans le village
Interdiction d’utiliser les chemins communs du village
Cimetières séparés
Aucun accès aux propriétés et ressources publiques et communes du village (puits, bassins, temples, etc…)
Ségrégation des enfants Dalits dans les écoles (chaises dans des zones différentes)
Interdiction de se présenter aux élections et d’exercer leur droit de vote
Forcé à voter ou non pour certains candidats pendant les élections
Interdiction de hisser le drapeau national les jours de fêtes Nationales ou pour l’Indépendance
Salaire plus bas que la norme
Main d’œuvre gagée
Confrontation au Boycott social par les castes dominantes pour refuser d’effectuer leurs « fonctions »
Si la Constitution indienne de 1950 a aboli « toute discrimination fondée sur la religion, la race, le sexe et le lieu de naissance », les Dalits continuent à être victimes de ségrégation dans leur vie quotidienne. L’accès à la terre leur est refusé, ils doivent accepter les emplois les plus dégradants et subir les violations de leurs droits élémentaires par la police ou les membres des castes supérieures, qui jouissent de la protection de l’Etat. Les deux tiers des Dalits sont analphabètes. La moitié sont des travailleurs précaires sans terre. 7% seulement ont accès à une eau potable saine, à l’électricité, à des toilettes. Et la majorité des 40 millions de travailleurs agricoles réduits en esclavage pour rembourser leurs dettes (dont 15 millions d’enfants) sont des Dalits.
Pour surmonter ces inégalités, l’Inde a adopté des mesures de discrimination positive réservant aux Dalits des quotas dans le système éducatif, la fonction publique et la représentation politique, mais ces mesures n’ont bénéficié qu’à une poignée d’individus. Si les Dalits occupent aujourd’hui des fonctions politiques importantes, cet « apartheid caché » se perpétue et toutes les tentatives de remise en cause de cet ordre social rigide se heurtent invariablement à des flambées de violence et à des représailles économiques.